lundi 30 novembre 2009

Paca : décharges à charge pour le PS

Libe Marseille, 30 novembre 2009

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JUSTICE. Des perquisitions étaient en cours ce lundi au Conseil général des Bouches-du-Rhône et à la communauté urbaine MPM (Marseille Provence Métropole), institutions toutes deux dirigées par la gauche.Ces perquisitions révélées par lepoint.fr interviennent alors qu'une information judiciaire a été ouverte contre X en avril sur les attributions de marchés publics concernant le traitement des déchets dans la région marseillaise. Lire la suite


Un joli proverbe en anglais dit : «When the shit hits the fan…» «Quand la merde atteint le ventilateur, ça gicle partout.» A la mode phocéenne : l’instruction menée depuis avril par le juge marseillais Charles Duchaine, à propos d’irrégularités sur divers marchés de traitement des déchets, va-t-elle éclabousser le PS marseillais ?

La droite l’espère, avant les élections régionales de mars, surtout depuis que le site satirique Bakchich titrait, mi-novembre, sur «la chute de la maison Guérini».

Un peu rapide : la baraque de Jean-Noël Guérini, leader du PS des Bouches-du-Rhône et patron du conseil général depuis 1998, tient le coup. Mais son frangin, Alexandre, patron de sociétés de traitement des déchets, prend le vent. Il a été l’objet de perquisitions à la mi-novembre et un élu marseillais UMP prédit : «C’est la fin d’un système.»

Dénoncé par lettre anonyme, ce «système», esquissé cette semaine dans le Point, voudrait qu’en coulisse, Alexandre Guérini, membre du Parti socialiste, tire les ficelles des sacs poubelles dans le département.

Mais l’enquête n’a accouché d’aucune mise en examen et Alexandre Guérini conteste «des accusations malveillantes et mensongères», qu’il a comparées dans Bakchich à «une construction politique pour salir [son] frère». Lequel Jean-Noël se dit «blessé» par des «insinuations malveillantes».

Espèces. Côté poubelles, le PS est déjà servi : le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence jugeait, mercredi et jeudi, Bernard Granié, ex-maire PS de Fos-sur-Mer, pour «corruption passive». Entre 2003 et 2006, l’élu aurait réclamé 2% sur les marchés de traitement des déchets du syndicat d’agglomération nouvelle (SAN) Ouest-Provence, qu’il préside.

Un entrepreneur affirme lui avoir remis 300 000 euros. Bernard Granié nie, et l’argent n’a pas été retrouvé. Mais les enquêteurs se demandent pourquoi l’élu n’a pas retiré d’espèces sur ses comptes bancaires pendant trois ans. Le procureur a requis cinq ans de prison ferme. Jugement le 20 janvier (lire l'article).

Une autre casserole plane au-dessus de la région Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), gérée par la gauche : des subventions ont été accordées à des associations fictives dans le cadre de la politique de la ville, chapeautée par la députée PS Sylvie Andrieux.

Il y en aurait pour 700 000 euros, distribués entre 2005 et 2007. Plusieurs anciens cadres de la région sont mis en examen, ainsi que l’attachée parlementaire de la députée, qui n’a pas encore été entendue. Le président de la région, Michel Vauzelle (PS), a retiré à Sylvie Andrieux sa délégation à la politique de la ville.

Mais l’affaire reste menaçante et a provoqué un premier couac.

Mi-octobre, la tête de liste Europe Ecologie pour les régionales, la juge parisienne Laurence Vichnievsky, a exigé une « gestion saine » de la région, avec «éthique et exemplarité» et «plus de rigueur» dans l’attribution des subventions. Or Vichnievsky est une alliée potentielle de Vauzelle, candidat à un troisième mandat, dans l’optique d’une alliance de second tour. Forcément, la droite se lèche les babines.

«S’il y a un système socialiste au niveau des Bouches-du-Rhône, il est intéressant d’en connaître le fonctionnement et de savoir ce qui est légal ou pas», observe la tête de liste UMP, Thierry Mariani.

Promesses. Au-delà des prolongements judiciaires, il y a, sur les déchets, une certitude politique : le PS accumule dans ce dossier les erreurs stratégiques. Lors des municipales de 2008, Jean-Noël Guérini s’engage à nettoyer Marseille en six mois. Il sait que c’est impossible.

Comme il perd, il se pense délivré de cette promesse. Mais la gauche prend par surprise la présidence de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM). Et MPM, donc la gauche, gère les déchets.

Evidemment, la droite se régale de rappeler la promesse : la ville propre en six mois ? Dans tes rêves, Jean-Noël !

Puis le PS s’emmêle les pinceaux. Guérini avait promis de supprimer le «fini-parti», qui permet aux éboueurs de partir quand ils jugent leur tâche achevée : le système est toujours en place.

La gauche s’était prononcée contre l’incinérateur à Fos-sur-Mer : elle l’accepte. Dernière volte-face : face à une grève menée début novembre par une entreprise de traitement des déchets écartée d’un appel d’offres à MPM, la gauche cède et annule tous les marchés. Puis indique qu’elle souhaite passer à une gestion uniquement publique des déchets à Marseille. Nouveau virage à 180 degrés : auparavant, elle avait l’intention de privatiser la collecte.

Tant d’incohérences finissent par rendre suspect, assure la droite. Qui serait bien avisée, toutefois, de ne pas trop la ramener. Car la gestion des ordures entre 2001 et 2006 à la communauté urbaine, alors présidée par Jean-Claude Gaudin (UMP), s’est fait allumer en 2007 par la chambre régionale des comptes (CRC), mais sans suite pénale. Et la semaine dernière, le maire divers droite de Beausoleil (Alpes-Maritimes) était placé en détention provisoire dans une affaire de corruption présumée concernant l’édification d’une tour à Monaco. Quand la merde atteint le ventilateur…

MICHEL HENRY

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