Le Figaro, 3 décembre 2009
Le juge espagnol poursuit Lucia Hiriart pour blanchiment d'argent et demande 51 millions.
À l'origine de l'arrestation d'Augusto Pinochet à Londres en 1998, le juge espagnol, Baltasar Garzon, a décidé de poursuivre la veuve de l'ancien dictateur chilien pour avoir détourné et blanchi une somme d'argent considérable. Trois autres personnes seraient impliquées dans cette affaire : l'avocat de la famille et exécuteur testamentaire de Pinochet, Oscar Custodio Aitken Lavanchy et deux anciens responsables de la banque commerciale, Banco de Chile.
La justice ibérique estime le pécule volé à 77 millions de dollars, soit 51 millions d'euros. C'est cette coquette somme que le magistrat réclame aujourd'hui à la veuve, Lucia Hiriart. Elle devrait servir à indemniser les victimes de la dictature. En ouvrant ce nouveau front judiciaire, Garzon espère clore le chapitre Pinochet. Il y a plus de dix ans, le magistrat avait été le premier à confronter le dictateur chilien à la justice en obtenant sa détention pour crimes de génocide, terrorisme et tortures. Alors qu'il s'était efforcé vainement d'obtenir son extradition vers l'Espagne, Pinochet avait retrouvé sa liberté en 2000 et pu rejoindre Santiago du Chili. Placé en liberté surveillée à domicile, le dictateur est mort à 91 ans dans son lit sans jamais avoir répondu de ses crimes.
Pour le juge andalou, dont l'obstination n'est plus à démontrer, il n'était pas question de rester sur un échec. C'est ainsi qu'il n'a pas hésité à accepter la plainte de la Fondation espagnole président Allende. Cette association est à l'origine d'une enquête au Chili sur la provenance de la fortune de l'ancien dictateur après la découverte de centaines de comptes bancaires lui appartenant.
Embargo et comptes gelés
Le magistrat avait donné dix jours à Lucia Hiriart à compter du 26 octobre pour fournir cette «caution solidaire». On ne sait aujourd'hui si la veuve a donné suite à la demande. En cas de non-paiement, la justice pourrait procéder à l'embargo et au gel des comptes dans les banques citées dans le dossier. Dans l'œil de mire de la justice, figurent également l'ancien président du conseil d'administration de Banco de Chile, Pablo Granifo Lavin, et l'ancien gérant de la filiale bancaire à New York, Hernan Donoso Lira. Banco de Chile et ses deux filiales sont décrites comme «responsables civiles secondaires» dans le supposé blanchiment d'argent. La Fondation Allende se fonde sur un rapport antérieur de la brigade d'investigation du blanchiment d'actifs, de la police chilienne. Baltasar Garzon a bien l'intention cette fois d'aller jusqu'au bout. Il a lancé une commission rogatoire au Chili pour que la veuve de Pinochet et les trois autres inculpés comparaissent devant la justice. Et pour ne pas perdre une miette de l'affaire, il a déjà annoncé qu'il se rendrait en personne à Santiago pour assister aux interrogatoires.
mardi 1 décembre 2009
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