08/02/2010 Le Point.fr
Massimo Ciancimino, fils du dernier maire de Palerme Vito Ciancimino, qui a été condamné en 1992 pour son rôle dans la mafia, a fait des révélations fracassantes sur de supposées relations entre Berlusconi et la mafia.
Coup de théâtre, lundi, au palais de justice de Palerme. Invité à déposer dans le procès du commandant Mori, un carabinier accusé d'avoir empêché, en 1995, la capture du parrain Bernardo Provenzano, Massimo Ciancimino, fils de l'ancien maire de Palerme, a déclaré : "Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, est né à la suite d'un accord entre l'État et Cosa Nostra."
Ce n'est pas la première fois que l'ombre de la mafia effleure Silvio Berlusconi.
Dans les années 1970, malgré une condamnation pour homicide, le mafieux Salvatore Mangano était le responsable des écuries du Cavaliere. Les parquets de Caltanissetta et de Florence ouvrirent plusieurs enquêtes, archivées depuis, accusant Berlusconi de complicité dans différents attentats commis par la mafia.
En décembre 2009, le repenti Gaspare Spatuzza a déclaré que le président du Conseil avait consigné le pays à Cosa Nostra. Et Marcello Dell'Utri, plus proche collaborateur de Berlusconi, a été condamné à 9 ans de prison pour association externe à Cosa Nostra...
Témoin privilégié
Cette fois, l'accusation est d'autant plus grave que Massimo Ciancimino n'est pas un repenti quelconque. Son père, Vito Ciancimino, fut maire de Palerme durant les années 1970. Homme d'honneur, il faisait le lien entre les palais du pouvoir et les clans siciliens.
Massimo, qui était alors le secrétaire de son père, fut le témoin privilégié des compromissions entre l'État italien et Cosa Nostra. Ses dépositions dans un autre procès ont été avalisées par la condamnation à 10 ans de prison d'un député régional sicilien. Pour la justice, le fils de l'ancien maire de Palerme est donc un témoin crédible.
Le témoignage de Massimo Ciancimino commence au printemps 1992. Commandée par le sanguinaire Toto Riina, affaiblie par les maxiprocès antimafia, Cosa Nostra s'engage dans une stratégie terroriste en assassinant les juges Falcone et Borsellino et en plaçant des bombes à Rome, à Milan et à Florence. Objectif : contraindre l'État à alléger le régime carcéral des mafieux. La négociation secrète durera plusieurs années.
"En 1994, Provenzano (qui avait remplacé Toto Riina, arrêté en 1993, ndlr) me fit parvenir une lettre destinée à Berlusconi pour que je la transmette à mon père, a déclaré, lundi, à Palerme, Massimo Ciancimino. Ce dernier me dit alors que le document exigeait que Berlusconi respecte les pactes qui avaient été passés. Et il précisa que Forza Italia était né d'un accord passé entre l'État et la mafia en 1992."
"Manoeuvre politique"
Outre sa déposition, Massimo Ciancimino a présenté à la cour un "pizzino" - billet avec lequel communiquent les parrains de la mafia - que Provenzano aurait écrit à Berlusconi.
Dans le document, le chef de la mafia fait allusion au "triste événement" qui pourrait frapper Piersilvio Berlusconi, fils du Cavaliere, si ce dernier le trahissait. Une "pure folie" pour la majorité acquise à Berlusconi, qui dénonce une "manoeuvre politique avant les élections".
mardi 9 février 2010
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