jeudi 1 juillet 2010

Micro-partis, maxi-fric

L'Express, Par Thierry Dupont, 01/07/2010

Les dons effectués par Liliane Bettencourt à l'UMP et à Eric Woerth ont mis en lumière l'existence de ces partis politiques satellites. Leur intérêt est avant tout financier.

Mais à quoi sert donc l'"Association de soutien à l'action d'Eric Woerth", ce micro-parti domicilié à Senlis (Oise) et dont l'association de financement a été agréée en 2008 ? A aider le maire de Chantilly dans ses campagnes locales en Picardie. Tel était donc le sens du chèque de 7500 euros versé par Liliane Bettencourt en mars 2010, comme l'a révélé Le Nouvel Observateur.

En 2008, le micro-parti d'Eric Woerth affichait un excédent de 44 126 euros, selon les chiffres publiés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

Côté recettes, ce mouvement qui n'a cette année-là reçu aucune cotisation d'adhérent a pu compter sur de généreux donateurs qui ont versé 19 650 euros. Il a aussi été épaulé par une confortable contribution venue de l'UMP: 66 250 euros. Heureux hasard, le trésorier de l'UMP s'appelle... Eric Woerth.

Les transferts de ce type se sont multipliés ces dernières années, où le nombre de partis a littéralement explosé.

En 1990, la CNCCFP recensait 28 partis politiques, ils étaient 255 en 2004.

"Désormais, rares sont les ministres qui n'ont pas leur propre parti", remarque-t-on à la Commission.

De fait, François Fillon a créé France 9, Christian Estrosi a lancé Alliance Méditerranée Alpes, Michèle Alliot-Marie s'appuie sur Le Chêne et Laurent Wauquiez s'affirme avec Nouvel Oxygène. Sans parler de Jean-François Copé (generationfrance.fr), Jean-Pierre Raffarin (Dialogue et initiative) ou Patrick Balkany (Rassemblement pour Levallois).

La raison d'une telle floraison? La démultiplication des ressources! Si les dons à un parti politique en échange d'un avantage fiscal sont limités à 7 500 euros par an, rien n'empêche d'effectuer un don de ce montant à plusieurs partis politiques. Libre ensuite à ces derniers de reverser tout ou partie de cet argent à un autre mouvement.

Les yeux rivés sur 2012

"La liberté de création des partis politiques a pour conséquence de faciliter le détournement de la loi en favorisant la création de partis 'satellites': une même personne physique peut ainsi financer plusieurs partis, en versant à chacun le montant plafond des dons autorisés, les partis bénéficiaires reversant ensuite l'argent récolté au 'parti central'", notait ainsi la CNCCFP dans son rapport 2005-2006.

Au PS, l'interdiction de l'appartenance à un autre parti limite cet éparpillement, à l'exception notable de Ségolène Royal dotée de son Désirs d'avenir, qui n'est toutefois plus un parti politique depuis 2008.

Si certains ténors ou courants disposent de clubs ou d'associations - comme les amis de Benoît Hamon regroupés au sein de La Forge-, il ne s'agit pas de partis politiques.

Du coup, les révélations de ces derniers jours ravivent les inquiétudes.

"L'affaire Woerth laisse apparaître un vaste système de financement de la vie politique qui consiste à étaler les levées de fonds très en amont et à mettre en place des structures qui reversent ensuite à l'UMP", avance-t-on rue de Solférino, les yeux rivés sur 2012. D'où la pression maintenue sur le ministre-trésorier Eric Woerth.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait récolté plus de 9 millions d'euros de dons de personnes physiques contre... seulement 743 000 euros pour Ségolène Royal.

Qu'est-ce qu'un parti politique?

Un parti politique est autorisé à subventionner une campagne électorale et à recevoir des dons de personnes physiques d'un montant de 7500 euros maximum par an en échange d'avantages fiscaux. Il peut également selon ses résultats électoraux recevoir des aides publiques.

En échange de ce statut, les ressources du parti doivent être contrôlées chaque année par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP)

1 commentaire:

  1. "L'affaire Woerth laisse apparaître un vaste système de financement de la vie politique "

    Dans ce système, l'instrumentalisation de la justice est-elle une méthode ?

    Mam vient de renouveler l'impunité à une personnalité que l'on retrouve dans la reprise du journal Le Monde, prise la main dans le sac dans une affaire financière, mais qui avait échappé aux poursuites grace à un non lieu de 8 lignes contenant 3 erreurs grossières.

    "Gains" 30MF et IMPUNITE contre QUOI ou pour financer QUI ?

    En s'abstenant de mettre un terme à des dysfonctionnements majeurs avérés, et en ne renvoyant pas devant le Csm les magistrats fauteurs, MAM, à la suite des Gardes des Sceaux qui l'ont précédée, entretient au sein du pouvoir judiciaire une machine à enterrer, prête à être réutilisée.

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