mardi 29 juin 2010

DCN-Karachi : Jean-Marie Boivin mis en examen pour espionnage et corruption

Le Monde, 30 juin 2010

Jean-Marie Boivin, mandataire de la société luxembourgeoise Eurolux, et dont le nom est cité dans l'affaire de l'attentat de Karachi en 2002, a été mis lundi 28 juin 2010 en examen par les juges Françoise Desset et Jean-Christophe Hullin dans une autre enquête visant l'ex-direction des constructions navales (DCN) pour espionnage et corruption, a-t-on appris mardi de sources proches du dossier.

Les deux magistrats financiers soupçonnent depuis février 2008 la DCN, devenue DCNS, d'avoir eu recours aux services d'intelligence économique pour se procurer des pièces de procédure judiciaire intéressant la DCN, comme Clearstream ou l'affaire des frégates de Taïwan. Or, les juges soupçonnent qu'une partie de la rémunération de ces missions d'espionnage a transité par la société Eurolux.

DÉJÀ TROIS PERSONNES MISES EN EXAMEN

Jean-Marie Boivin avait déjà été convoqué par les magistrats le 16 juin 2010 mais il ne s'était pas présenté à la convocation. Il a finalement été mis en examen lundi, selon ces sources, qui n'ont pas précisé les chefs de l'accusation.

Trois personnes ont déjà été mises en examen dans ce dossier : Claude Thevenet, consultant et ancien membre de la direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage), Gérard-Philippe Menayas, un ancien cadre supérieur de la DCN, et Jean-Pierre Dentel, un contrôleur des impôts de la division nationale des enquêtes fiscales.

Le nom de Jean-Marie Boivin apparaît dans l'enquête sur l'attentat de Karachi (Pakistan) en 2002. Des commissions versées sur la vente de sous-marins au Pakistan en 1994 ont transité par une société baptisée Heine, dont M. Boivin était mandataire, créée avec l'aval de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre du budget en 1994.

Quinze personnes, dont 11 salariés de la DCN travaillant à la construction des sous-marins, ont trouvé la mort dans l'attentat commis en mai 2002 : les juges antiterroristes français soupçonnent que ce dernier a été commis en représailles à l'arrêt du versement de ces commissions à l'armée pakistanaise.

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