AFP 28 novembre 2009
L'ex-ministre du tourisme de Jacques Chirac a été mis en examen pour «délit de favoritisme et corruption passive». Il est soupçonné d'avoir privilégié des entrepreneurs dans l'attribution de marchés en Guyane, en contrepartie de grosses sommes d'argent.
Léon Bertrand, figure de proue de l'UMP en Guyane, a passé une deuxième nuit en prison au centre pénitentiaire de Ducos, en Martinique. L'ancien ministre du tourisme de Jacques Chirac a été transféré de Guyane en Martinique. Il a été mis en examen pour «délit de favoritisme et corruption passive» et immédiatement placé en détention provisoire.
En tant que président de la communauté de communes de l'ouest guyanais (CCOG), Léon Bertrand est soupçonné, avec certains de ses cadres, d'avoir privilégié des entrepreneurs dans l'attribution de marchés publics, en échange de grosses sommes. L'ex-ministre aurait utilisé cet argent pour financer ses campagnes électorales. A également été mis en examen dans ce scandale et écroué Augustin To-Sah-Be-Nza, directeur général de la CCOG.
Les faits reprochés à l'ancien ministre, qui a fait près de quarante heures de garde à vue entre mercredi et jeudi, couvrent la période 2003 à 2009. Ils visent des attributions de marchés à la CCOG que Léon Bertrand dirige depuis 2001, à la société d'économie mixte du Nord Ouest de la Guyane de construction de logements sociaux (Sénog) qu'il préside et à la municipalité de Saint-Laurent de Maroni dont il est le maire. L'affaire a démarré après la mystérieuse disparition, en juillet 2004, de Myrtho Fowel, directeur administratif et financier de la CCOG. Dans les mois suivants, les enquêteurs ont mis au jour des faux-mandats concernant des marchés fictifs de la CCOG. Dix mandats ont été détournés pour un total de 468.628 euros.
Léon Bertrand évoquait des «dysfonctionnements»
Au cours de l'instruction, les enquêteurs ont découvert de très importants dépassements de coûts dans les marchés publics de la CCOG. Ils ont aussi constaté qu'au moins un des marchés avait été attribué avant la réunion de la commission d'appel d'offres de la CCOG. Interrogé sur ce point par la Semaine guyanaise, Léon Bertrand avait reconnu des «dysfonctionnements».
Léon Bertrand et Augustin To-Sah-Be-Nza ont sollicité un délai de quatre jours pour préparer leur défense. Ils ont obtenu du juge des libertés un débat de fond et la tenue d'une nouvelle audience le mercredi 2 décembre 2009 à 11 heures locales. Les deux hommes ont tous les deux refusé de répondre aux questions du juge d'instruction Thierry Rolland lors de leur audition de première comparution. Un autre proche collaborateur de Léon Bertrand, Guy Le Navennec, directeur de la Senog, a été convoqué samedi à la PJ.
Né en 1951 à Saint-Laurent-du-Maroni, Léon Bertrand, qui aime à rappeler qu'il est petit-fils de bagnard, a enseigné les sciences au collège de sa ville natale. Maire de la commune depuis 1983, il a été rapporteur du budget de l'outre-mer à l'Assemblée de 1993 à 1997 et a présidé l'intergroupe des parlementaires de l'outremer de 1995 à 1997. En juin 2002, il était entré dans le deuxième gouvernement Raffarin comme secrétaire d'Etat au Tourisme, secteur qu'il a gardé en 2004 dans le troisième gouvernement Raffarin, avec le rang de ministre délégué. De 2004 à 2007, il a été ministre délégué au Tourisme dans le gouvernement Villepin. Il a été battu aux sénatoriales de 2008.
samedi 28 novembre 2009
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