Delanoë et Lagardère convoqués chez les juges, Le Figaro, 19 novembre 2009
Le maire de Paris doit s'expliquer sur les conditions d'octroi au groupe Lagardère de la concession du stade Jean-Bouin à Paris. Il risque une mise en examen, de même qu'Arnaud Lagardère.
Bertrand Delanoë a-t-il fait preuve de favoritisme en accordant au groupe Lagardère la concession du stade Jean-Bouin ? Le maire de Paris devra s'en expliquer le 2 décembre prochain devant les juges Sophie Clément et Brigitte Brun , de même qu'Arnaud Lagardère.
L'affaire commence en 2004. La mairie de Paris doit alors renouveler la convention d'occupation du stade Jean-Bouin, où l'équipe de rugby du stade français joue ses matchs. Depuis 20 ans, ce stade est géré par l'association Paris Jean-Bouin, dirigée par Jacques Lelièvre et partenaire du groupe Lagardère. Une structure dont la gestion est contestée, les services de la ville ayant émis un avis «particulièrement défavorable» sur elle en 2003. La mairie de Paris choisit néammoins de maintenir l'association à la tête de la gestion du stade.
Au grand dam d'un autre acteur : la SARL Paris-Tennis. Son gérant, Hervé Picard, s'estime floué. Il porte donc plainte pour «favoritisme et prise illégale d'intérêt». Une plainte qui débouche sur des investigations policières. Lesquelles, selon Le Parisien, aboutissent à démontrer «que le maire de Paris, autorité décisionnaire, et le président du groupe Lagardère sont amis et partenaires dans le cadre de la candidature de la Ville pour les JO de 2012 ».
L'enquête révéle d'autres zones d'ombre. Les policiers s'interrogent notamment sur le coût très bas facturé par la mairie à l'association du stade Jean-Bouin : 72.000 euros par an, soit un euro du mètre carré.
La ville assure qu'il n'y a pas de faute. Elle estime que la convention n'avait pas à bénéficier d'une procédure de mise en concurrence. En mars dernier, le tribunal administratif lui a donné tort sur ce point, ouvrant la voie aux poursuites pénales. La ville de Paris a fait appel de cette décision.
Delanoë «décidé à aller jusqu'au bout»
Pour sa défense la mairie continue d'arguer qu'elle «s'est strictement conformée aux procédures en vigueur en faisant application des mêmes règles que pour les nombreuses autres concessions qui ont été renouvelées de la même manière au cours des années précédentes sans qu'aucune juridiction n'en ait mis en cause la légalité».Elle ajoute que «la convention en question a depuis lors été résiliée» afin de «conduire la rénovation en cours du stade de rugby».
Et la Ville d'ajouter: «Cette audition permettra au maire de Paris d'apporter tous les éclaircissements souhaités sur les conditions dans lesquelles la Ville, à l'époque, a décidé de renouveler cette convention qui la lie à l'association CASG Jean-Bouin, occupant du site depuis 1925».
Anne Hidalgo, proche de Bertrand Delanoë, a annoncé que ce dernier «est vraiment décidé à aller jusqu'au bout à la fois devant la justice administrative, mais bien sûr devant la juridiction pénale pour faire valoir ce qui paraît aujourd'hui comme une opération singulièrement déplacée par rapport à l'analyse de droit que nous faisons à l'Hôtel de Ville».
L'affaire pourrait toutefois s'avérer embarassante pour le maire de Paris. D'autant que s'il y a un procès, il risque de tomber en pleine période des primaires socialistes pour l'élection présidentielle, qui devraient démarrer au second ou au troisième trimestre 2010.
Jean François Lamour, président du groupe UMP au conseil municipal de Paris, a d'ailleurs dénoncé dans un comuniqué «l'amateurisme des décisions prises par la mairie». Il déplore qu'»aujourd'hui la quasi-totalité des associations sportives (soient) écartées des équipements sportifs gérés par la ville au profit de structures semi-privées, purement privées».
Sur un autre plan, si le délit de favoritisme était prouvé, la mairie de Paris pourrait avoir à remettre en question d'autres contrats passés par la ville, notamment pour l'occupation domaniale de Roland-Garros.
jeudi 19 novembre 2009
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