mardi 29 juin 2010

Un proche collaborateur de Berlusconi condamné à 7 ans pour complicité avec la mafia

Le Point, 29 juin 2010

Bras droit de Silvio Berlusconi en affaire comme en politique, Marcello Dell'Utri a été condamné en appel par le tribunal de Palerme à sept ans de réclusion pour "association externe" avec la mafia.

Une sentence inférieure aux neuf ans infligés en première instance mais qui laisse une trace d'ombre sur le sénateur Dell'Utri et sur son mentor.

Palermitain, 69 ans, Marcello Dell'Utri est entré au service de Silvio Berlusconi en 1974. En 1982, il fonde Publitalia, la régie publicitaire qui fera la fortune du Cavaliere. Et en 1993, il est avec Silvio Berlusconi le cofondateur du parti Forza Italia. Dès 1997, la magistrature ouvre une instruction contre lui.

Car c'est Marcello Dell'Utri qui, en 1973, a fait embaucher par Silvio Berlusconi un certain Vittorio Mangano. Engagé pour faire le palefrenier dans la villa milanaise du Cavaliere, Mangano est en réalité un homme d'honneur de Cosa Nostra qui sera condamné plus tard à perpétuité pour plusieurs homicides.

Pour le juge Borsellino "Mangano était la tête de pont de Cosa Nostra au Nord". Sa présence au domicile de Berlusconi mettait ce dernier et sa famille à l'abri des tentatives d'enlèvement, fréquentes dans la péninsule à la fin des années 70.

Ce n'est pas le seul contact mafieux de Marcello Dell'Utri. Selon les repentis Tommaso Buscetta et Nino Giuffrè, il était en relation d'affaire avec les deux parrains palermitains Gaetano Cinà et Stefano Bontade.

Il aurait permis à ces derniers de recycler leur immense fortune dans des programmes immobiliers du nord de la péninsule comme Milano 2, la ville construite par Silvio Berlusconi aux portes de la capitale lombarde. Berlusconi n'a jamais justifié l'origine des capitaux qui lui ont permis de se lancer ainsi dans les affaires.

Les magistrats, "métastases de l'Italie" (Berlusconi)

Si la sentence de Palerme a confirmé la culpabilité de Dell'Utri sur un premier versant du dossier, la cour d'appel a absous le collaborateur de Berlusconi pour ce qui lui était reproché après 1992.

Le parquet accusait en effet également Marcello Dell'Utri d'avoir passé un pacte avec Cosa Nostra au moment de la création de Forza Italia.

La mafia aurait alors réalisé la série d'attentats terroristes qui ont ensanglanté Rome, Milan et Florence durant l'été 1993 pour conduire le pays vers le chaos. Le désordre devant favoriser la naissance du nouveau parti politique guidé par Berlusconi. Une thèse qui s'appuyait, là encore, sur les témoignages de repentis comme Gaspare Spatuzza ou le fils de l'ancien maire de Palerme, Massimo Ciancimino.

Mais Marcello Dell'Utri est donc blanchi de ces accusations qui, si elles avaient été démontrées, auraient entraîné la chute de Berlusconi et du parti est au pouvoir.

Il pourrait même bénéficier d'une prescription pour les sept ans de prison qui lui ont été confirmés en appel mais concernent des délits commis il y a plus de 20 ans.

Le verdict est toutefois encore trop sévère pour Silvio Berlusconi. Après la lecture de la sentence, il a déclaré que les magistrats sont "les métastases de l'Italie."

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