mercredi 12 mai 2010

Après celle des frégates, une affaire de Mirage plane sur Taïwan

Le Monde, 12 mai 2010

Le 3 mai 2010, Thales, ex-Thomson CSF, était condamné à rembourser le montant des commissions indûment versées à des intermédiaires afin d'obtenir le contrat de vente de six frégates par la France à Taïwan en 1991, soit 630 millions d'euros.

Le 7 mai 2010, le site Taïwan today, lié au gouvernement, écrivait qu'après la condamnation de Thales, "les regards se tournent vers un autre contrat d’armement : celui concernant la vente à Taïwan, en 1992, de quarante-huit Mirage 2000-5Ei et douze Mirage 2000-5D". Et relayait un communiqué de l'armée de l'air taïwanaise indiquant que "les contrats concernant ces appareils, construits par Dassault Aviation et Thomson-CSF et armés par Matra, sont en cours de réexamen".

L'information était presque passée inaperçue jusqu'à ce que le site Rue89, aiguillé par un internaute, la mette en avant, mardi 11 mai 2010. Ainsi, après les frégates, une affaire similaire de commissions versées pour l'obtention de gros contrats d'armement menacerait de nouveau la France, et cette fois, le groupe Dassault, pour la vente de soixante avions de chasse pour 3,47 milliards d'euros, avec une commission estimée à 205 millions d'euros.

UN CONTRAT QUI S'ALOURDIT DE 6 MILLIARDS DE FRANCS

Ce n'est que douze ans après la vente, en 2004, que le Yuan de contrôle, sorte de Cour des comptes taïwanaise, inspectant les contrats signés à la même époque que celui des frégates, aurait relevé des irrégularités : "A la signature, le contrat représente 22,8 milliards de francs [3,47 milliards d'euros]. Mais très vite, l'addition s'alourdit de 6 milliards de francs [914 millions d'euros], soit 25 % du contrat initial", écrit Rue89.

Concluant au caractère "suspicieux de la transaction", le Yuan de contrôle avait alors demandé l'ouverture d'une enquête judiciaire.

Tout en annonçant le "réexamen" des contrats concernant les mirages, Taïwan today indique qu'Andrew Wang, l'intermédiaire déjà mis en cause dans l'affaire des frégates pour avoir touché des commissions occultes, en fuite depuis 1993, pourrait également avoir touché des commissions dans cette affaire.

"Si le versement de commissions était avéré, l’armée de l’air a indiqué qu’elle pourrait saisir la Cour international d’arbitrage", indique le site. Selon le Taipeh Times, cité par Rue89, Andrew Wang aurait joué exactement le même rôle dans les deux affaires, empochant pour les mirages 260 millions de dollars de commission.

Le groupe Dassault n'a pas répondu au journaliste de Rue89. Mais selon le site, le groupe aurait ces derniers mois opéré de nombreuses prestations de maintenance entièrement gratuites sur les moteurs des mirages vendus à Taïwan. Peut-être inquiet de poursuites similaires à celles engagées par l'île nationaliste contre Thales.

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