lundi 3 mai 2010

Emploi fictif : Pierre Mauroy et Lyne Cohen-Solal renvoyés en correctionnelle

Le Monde, 3 mai 2010

Après dix ans d'aléas judiciaires, l'ancien premier ministre PS Pierre Mauroy a été renvoyé en correctionnelle lundi 3 mai 2010 dans l'affaire de l'emploi fictif présumé de Lyne Cohen-Solal, adjointe du maire de Paris, qui fut brièvement sa collaboratrice en 1992 à la communauté urbaine de Lille.

L'actuel sénateur du Nord et ancien maire de Lille de 81 ans devra ainsi répondre des accusations de "détournement de fonds publics" pour lesquels il avait été mis en examen en juin 2008. Le parquet avait pourtant requis un non-lieu général en octobre dernier.

Mme Cohen-Solal, qui avait été mise en examen pour "recel de détournement de fonds publics", et l'ancien directeur de cabinet de Pierre Mauroy, Bernard Masset, qui l'avait été pour "complicité", sont également convoqués devant le tribunal correctionnel.

Cette décision conclut une longue procédure, issue d'une plainte en juin 2000 d'Eric Darques, ancien élu de la ville de Lambersart, dans l'agglomération lilloise, qui avait fait valoir qu'en 1992 Lyne Cohen-Solal avait, pendant dix mois, occupé en même temps le poste d'attachée de presse pour la communauté urbaine et celui de rédactrice en chef de l'hebdomadaire du PS Vendredi, à Paris.

REBONDISSEMENTS AUTOUR DE LA PRESCRIPTION DES FAITS

La procédure a connu de nombreux rebondissements : les faits avaient été considérés comme prescrits en première instance, mais en février 2008 la Cour de cassation avait finalement jugé qu'ils ne l'étaient pas, entraînant la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens d'ouvrir une nouvelle information judiciaire.

L'ancien premier ministre avait été particulièrement affecté au moment de sa mise en examen. Il avait alors affirmé que pendant la période concernée, sa collaboratrice avait "parfaitement rempli sa mission" de promotion de la métropole lilloise et que sa "faible rémunération […] n'avait pas été usurpée". Elle avait alors touché l'équivalent de 19 000 euros.

Il avait également souligné que cette affaire avait été déclenchée longtemps après les faits reprochés, en 2000, "à un moment où Lyne Cohen-Solal était engagée dans un combat politique très médiatisé contre le maire de Paris d'alors, Jean Tiberi", et que cette coïncidence n'était "pas fortuite".

Mme Cohen-Solal, cinq fois adversaire électorale de l'ancien maire de Paris et maire UMP du Ve arrondissement Jean Tiberi, avait alors porté plainte contre ce dernier pour une affaire de faux électeurs.

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