Dray : l'accablant rapport de la brigade financière, Le Figaro, 24 juillet 2009
Le rapport de la police, établi après sept mois d'enquête, est très sévère pour le député. Au PS, on préfère ne pas prendre position sur cette affaire.
Changement de rubrique. Après avoir fait parler de lui en critiquant violemment la première secrétaire du PS Martine Aubry, Julien Dray est de nouveau dans l'actualité. Mais dans un registre différent : le feuilleton de ses ennuis judiciaires poursuit son cours. Les enquêteurs de la brigade financière ont terminé leur enquête, démarrée il y a plus de sept mois, et établi un rapport de synthèse, transmis par le parquet aux avocats.
Point clé de l'enquête : entre 2005 et 2008, Julien Dray a dépensé beaucoup plus d'argent qu'il en a perçu. Tous revenus confondus, le député de l'Essonne a perçu 1 631 417 euros. Sur la même période, il a dépensé 2 087 678 euros.
Les enquêteurs ont aussi relevé des mouvements financiers entre cinq associations et les comptes bancaires de Julien Dray. Des flux qui pourraient caractériser un système de ponction de ces associations via des tiers qui reversaient ensuite les sommes au député. Tels sont les forts soupçons qui émergent à la lecture du rapport et auront, le cas échéant, à être examinés par un tribunal correctionnel. Plusieurs proches du député sont aussi mis en cause. Pour Julien Dray, il ne s'agit que de simples prêts. Il soupçonne aussi une manœuvre politique contre lui. Vendredi, le procureur de Paris Jean-Claude Marin a précisé qu'«aucune décision» n'avait été prise concernant un éventuel renvoi de Dray devant une juridiction.
Face aux informations publiées par Le Monde et Mediapart, les avocats du député ont réagi en dénonçant ces nouvelles fuites. «Comment expliquer, alors que le rapport de synthèse des enquêteurs ne qualifie pas pénalement les faits, que certains journalistes se permettent de se substituer au ministère public pour claironner que les jeux sont faits ?» a ainsi déclaré Me Florence Gaudillière.
Son confrère, Me Patrick Klugman, avocat de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl), l'une des associations mises en cause, affirme que des plaintes ou des assignations en justice vont être lancées.
L'avenir politique de Julien Dray, à court et moyen termes au moins, semble compromis quoi qu'il en soit. Plus que les mouvements financiers suspects qui restent à vérifier, c'est la description d'un train de vie qui risque d'abîmer durablement l'image de Julien Dray. Même s'il s'en défend, le député est désormais associé aux montres de luxe et à la vie de palace. «Je n'ai jamais vu Julien avec des goûts de luxe», assure un responsable du parti, sans prendre plus de risques.
«Pouvoir de nuisance»
Entre le PS et le député de l'Essonne, les relations sont plus dégradées que jamais. «Il aurait voulu que le PS prenne sa défense, explique un proche de Martine Aubry. Mais personne ne sait ce qu'il y a dans ce dossier.» D'où la prudence des uns et des autres. Interrogée récemment sur le sujet, Ségolène Royal, dont Dray a été proche fut un temps, s'est contentée d'un «je n'ai pas de commentaire à faire».
D'où la colère de Dray, répartie équitablement entre le PS et l'ancienne candidate. La semaine dernière, il a mené une violente charge contre la direction de Martine Aubry dont il a dénoncé «l'impuissance et l'amateurisme». «Il fait cela pour montrer son pouvoir de nuisance», explique-t-on au sein de la direction du parti. Devant les enquêteurs il a aussi regretté le soutien qu'il avait apporté à Ségolène Royal : «Ce n'est peut-être pas la chose la plus intelligente que j'ai faite dans ma vie.»
Julien Dray n'a pas envie de faire une croix sur sa vie politique. Depuis qu'il est visé par l'enquête, il n'assiste plus aux réunions de groupe à l'Assemblée ni au bureau national du parti. Mais il continue de publier un point de vue, chaque mois, dans la lettre de son association «La tête à gauche».
samedi 25 juillet 2009
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