Un système de détournement au service de Julien Dray, Le Figaro, 24 juillet 2009
L'enquête met à mal la défense du député socialiste qui a toujours dit avoir agi de bonne foi.
Le parfum de scandale qui entoure les comptes de Julien Dray est décidément loin d'être apaisé. Outre les conditions de divulgation du rapport final de la brigade financière, le contenu même du document se révèle accablant pour le député de l'Essonne.
Une nouveauté saute aux yeux dans la synthèse policière : outre l'inventaire à la Prévert des recettes et des dépenses, les enquêteurs de la Brigade financière ont choisi de mettre l'accent sur l'existence présumée d'un véritable système au bénéfice de Julien Dray. Leurs investigations soulignent qu'une série de circuits financiers auraient été institutionnalisés depuis plusieurs années.
Suivant le principe que les petits ruisseaux font les grandes rivières, ils mettraient en scène une douzaine de ses proches et une multitude de chèques, prêts et dons aux circuits parfois étonnamment complexes. Cette lecture du dossier est particulièrement cruelle pour les personnes et associations citées. Elle vient surtout se heurter de plein fouet au système de défense de Julien Dray qui, dans la presse et au cours de son audition devant les policiers fin juin, a toujours plaidé la bonne foi, assurant qu'il pourrait s'expliquer ligne par ligne.
442 871 euros gagnés en 2008
Plusieurs chiffres mis en avant par l'enquête policière sont de nature à renforcer singulièrement les soupçons. Ainsi, additionnant ses salaires, les espèces et chèques reçus ainsi que les prêts obtenus, le rapport de la Brigade financière souligne que le député a gagné en 2008 la somme de 442 871 euros mais qu'il a dépensé durant la même période 519 111 euros… La démonstration est reprise pour les années 2005, 2006 et 2007.
Sur ces quatre dernières années, ses dépenses moyennes seraient ainsi, selon les policiers, de 43 500 euros par mois pour des revenus de 34 000 euros par mois. Au total, entre 1,6 million aurait été perçu et plus de 2 millions dépensés.
Parmi les sources de financement, les policiers soulignent l'existence de prêts personnels, mais ils s'attardent surtout sur les associations créées par Dray lui-même et dont le désordre de comptabilité avait déjà été mis en avant.
Les mouvements financiers entre la Fidl (syndicat lycéen), Les Parrains de SOS-Racisme et deux des proches de Dray sont relevés et analysés d'une façon chronologique. Une somme d'environ 350 000 euros est concernée entre 2005 et 2008.
Là encore, le soupçon d'un système institutionnalisé est mis en avant. Dans leur rapport de synthèse, les policiers relèvent que «certaines sommes encaissées (par l'un des proches de Dray) ont été suivies d'un décaissement au profit» de l'élu PS.
Après avoir reçu, d'ici au 25 septembre, les «éventuelle observations» des mis en cause, le rapport de la brigade financière doit servir de base au procureur de la République de Paris pour décider des suites à donner au dossier : soit un hypothétique classement sans suite, soit une citation directe devant le tribunal correctionnel, selon des qualifications pénales qu'il devra déterminer. Le parquet précisait vendredi soir n'avoir encore pris aucune décision…
samedi 25 juillet 2009
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