mardi 30 juin 2009
Ces politiques qui font des affaires
Diaporama: Ces politiques qui font des affaires, L'Expansion, 30 juin 2009
lundi 29 juin 2009
Municipal corruption in Canada: Water and grime
Municipal corruption in Canada: Water and grime
Jun 25th 2009
From The Economist print edition
Montreal’s mayor under pressure
BACK in the 1940s and 1950s Montreal was notorious in Canada for municipal graft. Recent allegations in Quebec’s largest city remind some of those days. The police have five separate investigations under way into suspected fraud, kickbacks and favours involving tens of millions of dollars. Two of the probes touch former sidekicks of Gérald Tremblay, the mayor since 2002. Few suspect that Mr Tremblay, with a long previous career in Quebec’s Liberal party, is crooked, and there is no evidence of that. But La Presse, the main federalist paper in Montreal and once a staunch supporter of the mayor, has twice called for him to resign. He shows no sign of doing so.
The scandals centre on construction firms thought to have underworld ties. The mayor’s chief of staff was suspended last year over allegations that he organised the sale of municipal property for a fraction of its real value. One 38-hectare site, valued at C$31m ($27m), was sold for C$4.4m to a developer who not long before had been photographed by police with Nicolo Rizzuto, an octogenarian mobster and father of Canada’s top mafioso. (The developer also has a record of evading taxes, issuing false bills and bribing officials.)
The second involves a C$356m contract to control water use by installing meters in commercial properties and by building underground valves. The contract went to a consortium led by Tony Accurso, an old friend of Frank Zampino, who headed the city council’s executive committee. Before and after the contract was awarded, Mr Zampino and his wife holidayed on Mr Accurso’s yacht. Mr Zampino then left politics and took a job with the other company in Mr Accurso’s consortium for a salary of C$400,000. La Presse has marshalled evidence suggesting that the works could be done for a third of the price. Mr Zampino has since resigned from his new job. Both men deny any wrongdoing.
The mayor has suspended the contract pending an audit. He has also rounded on La Presse, accusing it of “a hidden agenda” to get rid of him. After the paper this month claimed that a contractor repairing the roof of city hall was shaken down for a C$40,000 bribe, Mr Tremblay said: “It’s not up to La Presse to elect the mayor of Montreal, but the citizens.” Polls suggest that when they do so in November they may shun Mr Tremblay for Louise Harel, a left-wing Quebec separatist.
Jun 25th 2009
From The Economist print edition
Montreal’s mayor under pressure
BACK in the 1940s and 1950s Montreal was notorious in Canada for municipal graft. Recent allegations in Quebec’s largest city remind some of those days. The police have five separate investigations under way into suspected fraud, kickbacks and favours involving tens of millions of dollars. Two of the probes touch former sidekicks of Gérald Tremblay, the mayor since 2002. Few suspect that Mr Tremblay, with a long previous career in Quebec’s Liberal party, is crooked, and there is no evidence of that. But La Presse, the main federalist paper in Montreal and once a staunch supporter of the mayor, has twice called for him to resign. He shows no sign of doing so.
The scandals centre on construction firms thought to have underworld ties. The mayor’s chief of staff was suspended last year over allegations that he organised the sale of municipal property for a fraction of its real value. One 38-hectare site, valued at C$31m ($27m), was sold for C$4.4m to a developer who not long before had been photographed by police with Nicolo Rizzuto, an octogenarian mobster and father of Canada’s top mafioso. (The developer also has a record of evading taxes, issuing false bills and bribing officials.)
The second involves a C$356m contract to control water use by installing meters in commercial properties and by building underground valves. The contract went to a consortium led by Tony Accurso, an old friend of Frank Zampino, who headed the city council’s executive committee. Before and after the contract was awarded, Mr Zampino and his wife holidayed on Mr Accurso’s yacht. Mr Zampino then left politics and took a job with the other company in Mr Accurso’s consortium for a salary of C$400,000. La Presse has marshalled evidence suggesting that the works could be done for a third of the price. Mr Zampino has since resigned from his new job. Both men deny any wrongdoing.
The mayor has suspended the contract pending an audit. He has also rounded on La Presse, accusing it of “a hidden agenda” to get rid of him. After the paper this month claimed that a contractor repairing the roof of city hall was shaken down for a C$40,000 bribe, Mr Tremblay said: “It’s not up to La Presse to elect the mayor of Montreal, but the citizens.” Polls suggest that when they do so in November they may shun Mr Tremblay for Louise Harel, a left-wing Quebec separatist.
La gestion de Patrick Balkany à Levallois-Perret épinglée
La gestion de Patrick Balkany à Levallois-Perret épinglée, Le Monde, 29 juin 2009
Hausse périlleuse de la dette, explosion des dépenses festives, "anomalies" dans le contrôle des frais : la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France a dressé un sévère bilan de la gestion de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), dont le maire est Patrick Balkany, un proche de Nicolas Sarkozy.
Selon son rapport de 46 pages, daté du 6 avril et que l'AFP a pu consulter, l'endettement, "resté stable jusqu'en 2003, s'est significativement alourdi à partir de 2004". L'encours de la dette est passé de 156 millions d'euros en 2000 à 236 millions en 2006, soit une hausse de 51 %.
Mais cette institution, émanation de la Cour des comptes, note aussi que la ville a émis des billets de trésorerie pour plus de 200 millions d'euros, non intégrés dans le calcul de la dette, ce qui pose "un problème de sincérité du niveau d'endettement".
Au chapitre des dépenses, le rapport souligne le coût des "fêtes et cérémonies", passé de 239 951 euros à 484 052 euros entre 2000 et 2005, voire "même à plus d'un million d'euros, en tenant compte des 525 000 euros de dépenses réalisés par l'association Levallois Communication", subventionnée par cette commune d'environ 60 000 habitants.
La cour pointe également des "anomalies" dans le contrôle des frais. Sur l'utilisation des véhicules municipaux notamment, "un examen rapide et non exhaustif des factures montre de nombreuses utilisations qui ne présentent pas le caractère de déplacements professionnels courants".
"RISQUE DE DÉTOURNEMENT DE LA LOI"
Le rapport se penche enfin sur la société d'économie mixte d'aménagement de la ville, la Semarelp. "La constitution d'un 'groupe' de sociétés" autour de cette structure "a conduit la commune à détenir de fait, sur une période du plus de vingt ans, 80 % de trois sociétés à responsabilité limitée [SARL] et 15 à 80 % d'une quarantaine de sociétés civiles et commerciales", note la cour. En dépit de la récente "sérieuse contraction du groupe", elle y voit "un risque de détournement de la loi", qui exige l'aval du Conseil d'Etat "avant toute prise de participation d'une commune dans une société commerciale".
Le rapport, jugé "accablant" par le parti socialiste local, doit être débattu lundi soir en conseil municipal. Dans sa réponse à la chambre régionale, l'épouse et première adjointe du maire, Isabelle Balkany, s'étonne que l'examen ne porte que sur le dernier mandat (2001-2007), alors que Patrick Balkany y est élu depuis 1983, avec une interruption entre 1995 et 2001. Contestant point par point le rapport, elle estime en outre que la ville possède des "spécificités, injustement ignorées" par ce document, comme "son dynamisme économique, sa qualité de vie et les services publics diversifiés proposés à la population […]".
Hausse périlleuse de la dette, explosion des dépenses festives, "anomalies" dans le contrôle des frais : la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France a dressé un sévère bilan de la gestion de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), dont le maire est Patrick Balkany, un proche de Nicolas Sarkozy.
Selon son rapport de 46 pages, daté du 6 avril et que l'AFP a pu consulter, l'endettement, "resté stable jusqu'en 2003, s'est significativement alourdi à partir de 2004". L'encours de la dette est passé de 156 millions d'euros en 2000 à 236 millions en 2006, soit une hausse de 51 %.
Mais cette institution, émanation de la Cour des comptes, note aussi que la ville a émis des billets de trésorerie pour plus de 200 millions d'euros, non intégrés dans le calcul de la dette, ce qui pose "un problème de sincérité du niveau d'endettement".
Au chapitre des dépenses, le rapport souligne le coût des "fêtes et cérémonies", passé de 239 951 euros à 484 052 euros entre 2000 et 2005, voire "même à plus d'un million d'euros, en tenant compte des 525 000 euros de dépenses réalisés par l'association Levallois Communication", subventionnée par cette commune d'environ 60 000 habitants.
La cour pointe également des "anomalies" dans le contrôle des frais. Sur l'utilisation des véhicules municipaux notamment, "un examen rapide et non exhaustif des factures montre de nombreuses utilisations qui ne présentent pas le caractère de déplacements professionnels courants".
"RISQUE DE DÉTOURNEMENT DE LA LOI"
Le rapport se penche enfin sur la société d'économie mixte d'aménagement de la ville, la Semarelp. "La constitution d'un 'groupe' de sociétés" autour de cette structure "a conduit la commune à détenir de fait, sur une période du plus de vingt ans, 80 % de trois sociétés à responsabilité limitée [SARL] et 15 à 80 % d'une quarantaine de sociétés civiles et commerciales", note la cour. En dépit de la récente "sérieuse contraction du groupe", elle y voit "un risque de détournement de la loi", qui exige l'aval du Conseil d'Etat "avant toute prise de participation d'une commune dans une société commerciale".
Le rapport, jugé "accablant" par le parti socialiste local, doit être débattu lundi soir en conseil municipal. Dans sa réponse à la chambre régionale, l'épouse et première adjointe du maire, Isabelle Balkany, s'étonne que l'examen ne porte que sur le dernier mandat (2001-2007), alors que Patrick Balkany y est élu depuis 1983, avec une interruption entre 1995 et 2001. Contestant point par point le rapport, elle estime en outre que la ville possède des "spécificités, injustement ignorées" par ce document, comme "son dynamisme économique, sa qualité de vie et les services publics diversifiés proposés à la population […]".
Sofremi: jugement de mauvais augure pour Charles Pasqua et Pierre Falcone
Sofremi: jugement de mauvais augure pour Charles Pasqua et Pierre Falcone, AFP, 29 mai 2009
En condamnant Pierre Falcone et le fils de Charles Pasqua, la justice a rendu vendredi une décision de mauvais augure pour l'homme d'affaires dans l'attente du jugement de l'Angolagate, et pour l'ancien ministre renvoyé devant la Cour de Justice de la République (CJR).
La cour d'appel de Paris a condamné Pierre Pasqua, fils unique de l'ancien ministre de l'Intérieur, et l'homme d'affaires Pierre Falcone, chacun à un an de prison ferme et un an avec sursis.
Les deux hommes ont été convaincus d'avoir participé dans les années 1993/95 à des détournements de fonds au détriment de la Sofremi, une société vendant du matériel de sécurité à l'étranger et placée sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, alors occupé par Charles Pasqua.
Dans ce dossier, qui devrait aller en cassation, la justice a estimé que la Sofremi avait versé indûment des commissions d'un total de quelque 36 MF (5,4 MEUR) lors de quatre marchés au Koweït, en Colombie, en Argentine et au Brésil. L'argent, versé en échange de l'obtention de ces contrats, transitait principalement par Pierre Falcone ou Etienne Leandri, un proche de Charles Pasqua décédé en 1995, via des sociétés écrans dans des paradis fiscaux.
Parmi les bénéficiaires figurait Pierre Pasqua qui aurait touché quelque 1,5 MEUR, a jugé la cour d'appel, condamnant aussi d'anciens dirigeants de la Sofremi.
Cet argent "était redistribué à des fins personnelles et politiques... Sur la demande de qui? C'est une autre histoire", avait lancé à l'audience en mars l'avocat général sans mentionner le nom de Charles Pasqua.
Car dans cette affaire l'ancien ministre n'était alors que mis en examen devant la CJR mais il a depuis été renvoyé pour être jugé par cette cour, la seule compétente pour les membres du gouvernement.
Et ce jugement n'augure rien de bon pour le sénateur de 82 ans qui, en plus, devra aussi se défendre devant la CJR de sa participation à une autre affaire, pour laquelle son fils a également été condamné en appel à un an de prison ferme en novembre 2007.
Il s'agit cette fois-ci de pots-de-vin versés en 1994 à l'occasion d'un transfert du siège de la branche transport de GEC-Alsthom à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Pour Pierre Falcone, le dossier de la Sofremi n'a a priori pas de point commun avec l'Angolagate, vaste affaire où il est accusé d'avoir orchestré sans autorisation, dans les années 90, un trafic d'armes vers l'Angola, alors en pleine guerre civile.
Le procureur a requis six ans de prison contre lui, mais l'homme d'affaires espère bien échapper au jugement du tribunal correctionnel de Paris, en délibéré jusqu'au 27 octobre.
Il assure en effet qu'en tant que représentant permanent de l'Angola à l'Unesco depuis 2003, il doit bénéficier de l'immunité diplomatique.
C'est la même argumentation qu'il avait développée dans l'affaire Sofremi, mais la cour d'appel ne l'a pas retenue, estimant que les faits --comme dans l'Angolagate-- étaient bien antérieurs à cette nomination et n'étaient donc pas couverts par son immunité.
Rien n'est joué certes pour Charles Pasqua qui, comme son fils, a toujours clamé son innocence, ou pour Pierre Falcone, qui, outre l'immunité diplomatique, assure que les achats d'armes de guerre étaient effectués au nom de l'Etat souverain de l'Angola, ce qui le met hors de portée de la justice française.
Mais une relaxe générale dans le dossier Sofremi aurait davantage rassuré les deux hommes.
En condamnant Pierre Falcone et le fils de Charles Pasqua, la justice a rendu vendredi une décision de mauvais augure pour l'homme d'affaires dans l'attente du jugement de l'Angolagate, et pour l'ancien ministre renvoyé devant la Cour de Justice de la République (CJR).
La cour d'appel de Paris a condamné Pierre Pasqua, fils unique de l'ancien ministre de l'Intérieur, et l'homme d'affaires Pierre Falcone, chacun à un an de prison ferme et un an avec sursis.
Les deux hommes ont été convaincus d'avoir participé dans les années 1993/95 à des détournements de fonds au détriment de la Sofremi, une société vendant du matériel de sécurité à l'étranger et placée sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, alors occupé par Charles Pasqua.
Dans ce dossier, qui devrait aller en cassation, la justice a estimé que la Sofremi avait versé indûment des commissions d'un total de quelque 36 MF (5,4 MEUR) lors de quatre marchés au Koweït, en Colombie, en Argentine et au Brésil. L'argent, versé en échange de l'obtention de ces contrats, transitait principalement par Pierre Falcone ou Etienne Leandri, un proche de Charles Pasqua décédé en 1995, via des sociétés écrans dans des paradis fiscaux.
Parmi les bénéficiaires figurait Pierre Pasqua qui aurait touché quelque 1,5 MEUR, a jugé la cour d'appel, condamnant aussi d'anciens dirigeants de la Sofremi.
Cet argent "était redistribué à des fins personnelles et politiques... Sur la demande de qui? C'est une autre histoire", avait lancé à l'audience en mars l'avocat général sans mentionner le nom de Charles Pasqua.
Car dans cette affaire l'ancien ministre n'était alors que mis en examen devant la CJR mais il a depuis été renvoyé pour être jugé par cette cour, la seule compétente pour les membres du gouvernement.
Et ce jugement n'augure rien de bon pour le sénateur de 82 ans qui, en plus, devra aussi se défendre devant la CJR de sa participation à une autre affaire, pour laquelle son fils a également été condamné en appel à un an de prison ferme en novembre 2007.
Il s'agit cette fois-ci de pots-de-vin versés en 1994 à l'occasion d'un transfert du siège de la branche transport de GEC-Alsthom à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Pour Pierre Falcone, le dossier de la Sofremi n'a a priori pas de point commun avec l'Angolagate, vaste affaire où il est accusé d'avoir orchestré sans autorisation, dans les années 90, un trafic d'armes vers l'Angola, alors en pleine guerre civile.
Le procureur a requis six ans de prison contre lui, mais l'homme d'affaires espère bien échapper au jugement du tribunal correctionnel de Paris, en délibéré jusqu'au 27 octobre.
Il assure en effet qu'en tant que représentant permanent de l'Angola à l'Unesco depuis 2003, il doit bénéficier de l'immunité diplomatique.
C'est la même argumentation qu'il avait développée dans l'affaire Sofremi, mais la cour d'appel ne l'a pas retenue, estimant que les faits --comme dans l'Angolagate-- étaient bien antérieurs à cette nomination et n'étaient donc pas couverts par son immunité.
Rien n'est joué certes pour Charles Pasqua qui, comme son fils, a toujours clamé son innocence, ou pour Pierre Falcone, qui, outre l'immunité diplomatique, assure que les achats d'armes de guerre étaient effectués au nom de l'Etat souverain de l'Angola, ce qui le met hors de portée de la justice française.
Mais une relaxe générale dans le dossier Sofremi aurait davantage rassuré les deux hommes.
samedi 27 juin 2009
Karachi : Millon admet avoir bloqué le versement de commissions
Actualités NouvelObs < International < Proche Moyen-Orient
PAKISTAN
Karachi : Millon admet avoir bloqué le versement de commissions, NOUVELOBS.COM, 27 juin 2009
"Peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m'a demandé de passer en revue les différents contrats de ventes d'armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions", révèle-t-il.
Interrogé sur l'attentat de Karachi, au Pakistan, en 2002, Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, a reconnu, mercredi 24 juin, avoir bloqué "le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions".
Or, la semaine dernière, un rebondissement est intervenu dans cette affaire concernant précisément ces commissions : les avocats des familles des onze ingénieurs français de la DCN tués dans l'attentat ont indiqué que l'enquête s'orientait vers une "affaire d'Etat", liée au versement de commissions destinées à des intermédiaires, en marge de la vente de trois sous-marins conventionnels français Agosta au Pakistan.
"Peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m'a demandé de passer en revue les différents contrats de ventes d'armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions", a expliqué Charles Millon dans un entretien publié sur le site internet de Paris Match. Et "c'est ce qui a été effectué : chacun d'entre eux a fait l'objet d'une expertise particulière", a-t-il ajouté.
Des "pratiques nuisibles à l'image de la France"
Et de poursuivre : "Dans tous les pays du monde, les grands contrats industriels ou commerciaux à l'exportation font appel à des intermédiaires. Ceux-ci sont rémunérés lorsqu'ils effectuent un travail réel et vérifiable, en revanche, il est tout à fait anormal qu'il soit demandé à ces intermédiaires par des officines diverses un pourcentage sur les commissions prévues".
"C'était le sentiment du président Chirac, avec lequel j'étais en parfaite adéquation", a souligné l'ancien ministre de la Défense. "De plus, dès mon arrivée au ministère, les autorités gouvernementales de plusieurs pays m'ont gentiment signalé ne pas comprendre la persistance de telles pratiques nuisibles à l'image de la France" a-t-il ajouté, précisant qu'aucune "menace de représailles n'a été proférée à l'encontre de la France".
Sollicité ensuite par l'AFP pour apporter un complément de commentaires à ses propos, Charles Millon a souhaité en rester là.
La semaine dernière, les juges antiterroristes enquêtant sur l'affaire et les familles des victimes s'étaient entretenus à Cherbourg. C'est à l'issue de cette rencontre que les avocats des familles, avaient parlé d'une "affaire d'Etat" écartant la piste d'Al-Qaïda, d'abord évoquée. Du côté du parquet, on affirme que l'enquête antiterroriste sur l'attentat, qui avait 14 morts dont les onze ingénieurs français des arsenaux d'Etat DCN, n'a pas apporté à ce jour "d'élément objectif" pour le relier à un contentieux franco-pakistanais sur ce dossier.
PAKISTAN
Karachi : Millon admet avoir bloqué le versement de commissions, NOUVELOBS.COM, 27 juin 2009
"Peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m'a demandé de passer en revue les différents contrats de ventes d'armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions", révèle-t-il.
Interrogé sur l'attentat de Karachi, au Pakistan, en 2002, Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, a reconnu, mercredi 24 juin, avoir bloqué "le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions".
Or, la semaine dernière, un rebondissement est intervenu dans cette affaire concernant précisément ces commissions : les avocats des familles des onze ingénieurs français de la DCN tués dans l'attentat ont indiqué que l'enquête s'orientait vers une "affaire d'Etat", liée au versement de commissions destinées à des intermédiaires, en marge de la vente de trois sous-marins conventionnels français Agosta au Pakistan.
"Peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m'a demandé de passer en revue les différents contrats de ventes d'armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions", a expliqué Charles Millon dans un entretien publié sur le site internet de Paris Match. Et "c'est ce qui a été effectué : chacun d'entre eux a fait l'objet d'une expertise particulière", a-t-il ajouté.
Des "pratiques nuisibles à l'image de la France"
Et de poursuivre : "Dans tous les pays du monde, les grands contrats industriels ou commerciaux à l'exportation font appel à des intermédiaires. Ceux-ci sont rémunérés lorsqu'ils effectuent un travail réel et vérifiable, en revanche, il est tout à fait anormal qu'il soit demandé à ces intermédiaires par des officines diverses un pourcentage sur les commissions prévues".
"C'était le sentiment du président Chirac, avec lequel j'étais en parfaite adéquation", a souligné l'ancien ministre de la Défense. "De plus, dès mon arrivée au ministère, les autorités gouvernementales de plusieurs pays m'ont gentiment signalé ne pas comprendre la persistance de telles pratiques nuisibles à l'image de la France" a-t-il ajouté, précisant qu'aucune "menace de représailles n'a été proférée à l'encontre de la France".
Sollicité ensuite par l'AFP pour apporter un complément de commentaires à ses propos, Charles Millon a souhaité en rester là.
La semaine dernière, les juges antiterroristes enquêtant sur l'affaire et les familles des victimes s'étaient entretenus à Cherbourg. C'est à l'issue de cette rencontre que les avocats des familles, avaient parlé d'une "affaire d'Etat" écartant la piste d'Al-Qaïda, d'abord évoquée. Du côté du parquet, on affirme que l'enquête antiterroriste sur l'attentat, qui avait 14 morts dont les onze ingénieurs français des arsenaux d'Etat DCN, n'a pas apporté à ce jour "d'élément objectif" pour le relier à un contentieux franco-pakistanais sur ce dossier.
vendredi 26 juin 2009
Attentat de Karachi : Balladur dément la thèse du financement politique
Attentat de Karachi : Balladur dément la thèse du financement politique, Le Monde, 26 juin 2009
Edouard Balladur a démenti, dimanche 28 juin, tout financement de sa campagne présidentielle, en 1995, par des rétro-commissions sur la vente de sous-marins au Pakistan.
Selon deux juges d'instruction, l'arrêt du versement de commissions aux autorités pakistanaises est à l'origine de l'attentat de Karachi qui a coûté la vie à 14 personnes en 2002, dont 11 ingénieurs et techniciens de la direction des constructions navales (DCN), devenue DCNS.
Un courrier du parquet de Paris que Reuters s'est procuré envisage un lien entre une société créée par la DCN au Luxembourg et le financement de la campagne d'Edouard Balladur, premier ministre de 1993 à 1995, soutenu par le ministre du budget de l'époque, Nicolas Sarkozy.
"Les comptes de ma campagne ont été établis, déposés, contrôlés et validés par l'organe compétent à cet effet", a-t-il déclaré, dimanche 28 juin, lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. "Toute référence à une utilisation autre que la rémunération, légitime d'ailleurs dans une certaine mesure, de ceux qui avaient joué un rôle dans ces tractations commerciales est parfaitement infondée", a-t-il ajouté.
M. Balladur a également souligné que "si cet attentat est dû au fait que les commissions ont été supprimées, je suis surpris qu'il ait fallu sept ans".
Edouard Balladur a démenti, dimanche 28 juin, tout financement de sa campagne présidentielle, en 1995, par des rétro-commissions sur la vente de sous-marins au Pakistan.
Selon deux juges d'instruction, l'arrêt du versement de commissions aux autorités pakistanaises est à l'origine de l'attentat de Karachi qui a coûté la vie à 14 personnes en 2002, dont 11 ingénieurs et techniciens de la direction des constructions navales (DCN), devenue DCNS.
Un courrier du parquet de Paris que Reuters s'est procuré envisage un lien entre une société créée par la DCN au Luxembourg et le financement de la campagne d'Edouard Balladur, premier ministre de 1993 à 1995, soutenu par le ministre du budget de l'époque, Nicolas Sarkozy.
"Les comptes de ma campagne ont été établis, déposés, contrôlés et validés par l'organe compétent à cet effet", a-t-il déclaré, dimanche 28 juin, lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. "Toute référence à une utilisation autre que la rémunération, légitime d'ailleurs dans une certaine mesure, de ceux qui avaient joué un rôle dans ces tractations commerciales est parfaitement infondée", a-t-il ajouté.
M. Balladur a également souligné que "si cet attentat est dû au fait que les commissions ont été supprimées, je suis surpris qu'il ait fallu sept ans".
jeudi 25 juin 2009
Attentat de Karachi : les omissions de la justice française
Attentat de Karachi : les omissions de la justice française, le Monde, 25 juin 2009
Libération annonce, jeudi 25 juin 2009, des "révélations sur l'attentat de Karachi". Dans un long article, Guillaume Dasquié, qui a consulté le dossier de l'instruction, pointe ce qu'il appelle "les curieux oublis de la justice".
Pour lui, le mobile de l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi est à chercher du côté de l'arrêt des versements de commissions de la France au Pakistan dans le cadre du contrat de vente du 21 septembre 1994 de sous-marins conventionnels Agosta 90B.
Dès le 2 septembre 2002, Philippe Japiot, le patron de la branche internationale de la DCN (Direction des constructions navales), écrit au juge Jean-Louis Bruguière pour lui signaler que la DCN était visée.
Il joint quelques pages du contrat de vente où apparaît la "clause numéro 47" intitulée "Corrupt gifts and payment of commissions", relative au paiement de commissions, précédée d'une clause secrète. Libération s'interroge sur le manque de sagacité du juge d'instruction concernant ce contrat.
Les premiers éléments de l'enquête orientent aussi les investigations françaises vers la piste du contrat de vente des sous-marins. Randall Bennett, le responsable du service de sécurité diplomatique de l'ambassade des Etats-Unis à Karachi, en charge de l'enquête sur l'assassinat de Daniel Pearl, rapporte au procureur français chargé de l'enquête les confidences des services pakistanais.
Un courrier électronique des services américains est joint au dossier d'instruction. Rien n'y fait : "Les procès-verbaux de ce transport judiciaire à Karachi seront annulés en 2003 par la cour d'appel de Paris pour vice de compétence territoriale".
ENQUÊTE SUR LES COMMISSIONS
En toile de fond de cet attentat, Libération évoque l'enquête de la Cour des comptes pakistanaise, entre l'été 2001 et début 2002, sur les commissions versées à des officiers pakistanais par la France pour obtenir le contrat des sous-marins.
Le 30 janvier 2002, l'amiral Mansur ul-Haq reconnaît avoir touché 7 millions de dollars "en guise de remerciement".
Des peines de prison sont prononcées contre des officiers pakistanais. En France, la cour de discipline budgétaire s'intéresse aussi aux aspects financiers du contrat de vente et obtient la levée du secret-défense sur les comptes rendus des réunion à Matignon entre le 2 juillet 1993 et le 2 septembre 1994, sans que l'enquête judiciaire ne profite de ces résultats.
L'enquête a été relancée récemment par les juges antiterroristes Marc Trévidic et Yves Jannier, qui ont succédé au juge Bruguière. Ils ont auditionné, le 15 mai 2009, le directeur financier de la DCN qui a détaillé "la répartition des 10,25 % de commissions prévues par le contrat, soit près de 100 millions de dollars".
Le parquet de Paris a assuré lundi qu'il n'existait aucun élement objectif accréditant la piste militaire pakistanaise dans l'enquête. Le parquet va aussi plutôt dans le sens de Nicolas Sarkozy, ministre du budget au moment des faits, qui a qualifié vendredi l'hypothèse de "fable".
Libération annonce, jeudi 25 juin 2009, des "révélations sur l'attentat de Karachi". Dans un long article, Guillaume Dasquié, qui a consulté le dossier de l'instruction, pointe ce qu'il appelle "les curieux oublis de la justice".
Pour lui, le mobile de l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi est à chercher du côté de l'arrêt des versements de commissions de la France au Pakistan dans le cadre du contrat de vente du 21 septembre 1994 de sous-marins conventionnels Agosta 90B.
Dès le 2 septembre 2002, Philippe Japiot, le patron de la branche internationale de la DCN (Direction des constructions navales), écrit au juge Jean-Louis Bruguière pour lui signaler que la DCN était visée.
Il joint quelques pages du contrat de vente où apparaît la "clause numéro 47" intitulée "Corrupt gifts and payment of commissions", relative au paiement de commissions, précédée d'une clause secrète. Libération s'interroge sur le manque de sagacité du juge d'instruction concernant ce contrat.
Les premiers éléments de l'enquête orientent aussi les investigations françaises vers la piste du contrat de vente des sous-marins. Randall Bennett, le responsable du service de sécurité diplomatique de l'ambassade des Etats-Unis à Karachi, en charge de l'enquête sur l'assassinat de Daniel Pearl, rapporte au procureur français chargé de l'enquête les confidences des services pakistanais.
Un courrier électronique des services américains est joint au dossier d'instruction. Rien n'y fait : "Les procès-verbaux de ce transport judiciaire à Karachi seront annulés en 2003 par la cour d'appel de Paris pour vice de compétence territoriale".
ENQUÊTE SUR LES COMMISSIONS
En toile de fond de cet attentat, Libération évoque l'enquête de la Cour des comptes pakistanaise, entre l'été 2001 et début 2002, sur les commissions versées à des officiers pakistanais par la France pour obtenir le contrat des sous-marins.
Le 30 janvier 2002, l'amiral Mansur ul-Haq reconnaît avoir touché 7 millions de dollars "en guise de remerciement".
Des peines de prison sont prononcées contre des officiers pakistanais. En France, la cour de discipline budgétaire s'intéresse aussi aux aspects financiers du contrat de vente et obtient la levée du secret-défense sur les comptes rendus des réunion à Matignon entre le 2 juillet 1993 et le 2 septembre 1994, sans que l'enquête judiciaire ne profite de ces résultats.
L'enquête a été relancée récemment par les juges antiterroristes Marc Trévidic et Yves Jannier, qui ont succédé au juge Bruguière. Ils ont auditionné, le 15 mai 2009, le directeur financier de la DCN qui a détaillé "la répartition des 10,25 % de commissions prévues par le contrat, soit près de 100 millions de dollars".
Le parquet de Paris a assuré lundi qu'il n'existait aucun élement objectif accréditant la piste militaire pakistanaise dans l'enquête. Le parquet va aussi plutôt dans le sens de Nicolas Sarkozy, ministre du budget au moment des faits, qui a qualifié vendredi l'hypothèse de "fable".
mercredi 24 juin 2009
Les mystères de Karachi
Par Jean-Marie Pontaut, Eric Pelletier, lexpress.fr, le 24/06/2009
Des militaires pakistanais et un contrat avec la France sont-ils au centre de l'attentat de 2002 ? Une note relance l'enquête, qui recèle bien des zones d'ombre.
Nom de code : "Nautilus". Depuis une semaine, un rapport, censé rester confidentiel, sème l'émoi parmi les familles de victimes de l'attentat de Karachi, au Pakistan. Le 8 mai 2002, un kamikaze jetait sa Toyota contre un bus qui convoyait des salariés de la Direction des constructions navales (DCN) et leurs accompagnateurs. Bilan: 14 morts et 12 blessés.
Jusqu'à aujourd'hui, la piste d'Al-Qaeda semblait la plus crédible, mais une autre hypothèse se dessine. Des militaires pakistanais auraient commandité l'opération pour se venger de l'arrêt du versement de commissions par la France au Pakistan. Le contrat en question, qui portait sur la construction de trois sous-marins de type Agosta, avait été signé en septembre 1994, sous le gouvernement Balladur. Dès son arrivée à l'Elysée, l'année suivante, Jacques Chirac aurait interdit le transfert des fonds vers les intermédiaires, soupçonnant des rétrocommissions en faveur de personnalités politiques françaises.
L'attentat a été salué par le chef d'Al-Qaeda
Une affaire d'Etats ? C'est en tout cas la conviction d'un "privé", Claude Thévenet, recruté par la DCN pour enquêter en marge de la justice. Son rapport de 2002, dont l'existence avait été cachée aux familles de victimes et à leur avocat, Me Olivier Morice, a été saisi dernièrement par des juges, à l'occasion d'une autre affaire. Il reste à évaluer sa crédibilité et celle de son rédacteur.
Claude Thévenet a effectué une partie de sa carrière à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Il jouit d'une réputation d'"homme de contacts", selon l'un de ses ex-collègues, mais n'a rien d'un opérationnel. Depuis son départ de la police, il a créé une société de renseignement, TPM International. Ces activités lui ont valu d'être mis en examen à deux reprises. Entendu par le juge antiterroriste Marc Trévidic, il a confirmé être l'auteur de la note, tout en refusant de citer nommément ses sources. Interrogé par le site d'information Mediapart, il a précisé : "J'avais été chargé par les instances dirigeantes de la DCN de recouper un certain nombre d'informations parce que la DCN avait peur que les services officiels, comme la DGSE ou la DST, ne lui livrent des informations inexactes ou tronquées."
Les missions effectuées à Karachi par les spécialistes français de l'antiterrorisme ont toujours mis en avant une piste strictement islamiste. L'enquête pakistanaise présente malgré tout de sérieuses lacunes. Selon les analyses chimiques effectuées par la police française et par le FBI, l'explosif utilisé ne correspond pas à celui évoqué par les policiers locaux. Quant aux coupables, ils n'ont pas été identifiés. Deux suspects, Asif Zaheed et Mohammad Rizwan, présentés comme proches d'un groupe terroriste impliqué au Cachemire indien, ont été jugés devant la haute cour du Sindh. Et relâchés en avril, faute de preuves.
Un spécialiste de l'antiterrorisme interrogé par L'Express se dit "sceptique" quant à la thèse de la manipulation. Il s'étonne notamment que des généraux pakistanais aient attendu la réélection de Chirac, en 2002, pour se venger d'une décision vieille de sept ans. Il fait aussi valoir que l'attentat a été salué par le chef d'Al-Qaeda, Oussama ben Laden. La voix chuintante de l'homme le plus recherché du monde se faisait entendre, le 12 novembre 2002, sur la chaîne Al-Jazira : "Toutes les opérations qui se sont produites contre les Allemands en Tunisie [Djerba], contre les Français à Karachi, contre les Australiens et les Britanniques à Bali [...], tout cela n'est que la riposte de musulmans soucieux de défendre leur religion." Une quasi-signature.
avec Eric de Lavarène, au Pakistan
Des militaires pakistanais et un contrat avec la France sont-ils au centre de l'attentat de 2002 ? Une note relance l'enquête, qui recèle bien des zones d'ombre.
Nom de code : "Nautilus". Depuis une semaine, un rapport, censé rester confidentiel, sème l'émoi parmi les familles de victimes de l'attentat de Karachi, au Pakistan. Le 8 mai 2002, un kamikaze jetait sa Toyota contre un bus qui convoyait des salariés de la Direction des constructions navales (DCN) et leurs accompagnateurs. Bilan: 14 morts et 12 blessés.
Jusqu'à aujourd'hui, la piste d'Al-Qaeda semblait la plus crédible, mais une autre hypothèse se dessine. Des militaires pakistanais auraient commandité l'opération pour se venger de l'arrêt du versement de commissions par la France au Pakistan. Le contrat en question, qui portait sur la construction de trois sous-marins de type Agosta, avait été signé en septembre 1994, sous le gouvernement Balladur. Dès son arrivée à l'Elysée, l'année suivante, Jacques Chirac aurait interdit le transfert des fonds vers les intermédiaires, soupçonnant des rétrocommissions en faveur de personnalités politiques françaises.
L'attentat a été salué par le chef d'Al-Qaeda
Une affaire d'Etats ? C'est en tout cas la conviction d'un "privé", Claude Thévenet, recruté par la DCN pour enquêter en marge de la justice. Son rapport de 2002, dont l'existence avait été cachée aux familles de victimes et à leur avocat, Me Olivier Morice, a été saisi dernièrement par des juges, à l'occasion d'une autre affaire. Il reste à évaluer sa crédibilité et celle de son rédacteur.
Claude Thévenet a effectué une partie de sa carrière à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Il jouit d'une réputation d'"homme de contacts", selon l'un de ses ex-collègues, mais n'a rien d'un opérationnel. Depuis son départ de la police, il a créé une société de renseignement, TPM International. Ces activités lui ont valu d'être mis en examen à deux reprises. Entendu par le juge antiterroriste Marc Trévidic, il a confirmé être l'auteur de la note, tout en refusant de citer nommément ses sources. Interrogé par le site d'information Mediapart, il a précisé : "J'avais été chargé par les instances dirigeantes de la DCN de recouper un certain nombre d'informations parce que la DCN avait peur que les services officiels, comme la DGSE ou la DST, ne lui livrent des informations inexactes ou tronquées."
Les missions effectuées à Karachi par les spécialistes français de l'antiterrorisme ont toujours mis en avant une piste strictement islamiste. L'enquête pakistanaise présente malgré tout de sérieuses lacunes. Selon les analyses chimiques effectuées par la police française et par le FBI, l'explosif utilisé ne correspond pas à celui évoqué par les policiers locaux. Quant aux coupables, ils n'ont pas été identifiés. Deux suspects, Asif Zaheed et Mohammad Rizwan, présentés comme proches d'un groupe terroriste impliqué au Cachemire indien, ont été jugés devant la haute cour du Sindh. Et relâchés en avril, faute de preuves.
Un spécialiste de l'antiterrorisme interrogé par L'Express se dit "sceptique" quant à la thèse de la manipulation. Il s'étonne notamment que des généraux pakistanais aient attendu la réélection de Chirac, en 2002, pour se venger d'une décision vieille de sept ans. Il fait aussi valoir que l'attentat a été salué par le chef d'Al-Qaeda, Oussama ben Laden. La voix chuintante de l'homme le plus recherché du monde se faisait entendre, le 12 novembre 2002, sur la chaîne Al-Jazira : "Toutes les opérations qui se sont produites contre les Allemands en Tunisie [Djerba], contre les Français à Karachi, contre les Australiens et les Britanniques à Bali [...], tout cela n'est que la riposte de musulmans soucieux de défendre leur religion." Une quasi-signature.
avec Eric de Lavarène, au Pakistan
vendredi 19 juin 2009
L'attentat à Karachi pourrait être lié à une "affaire d'Etats"
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 19/06/2009
L'attentat, qui avait fait 11 morts en 2002, pourrait être lié au non-versement de commissions de la France au Pakistan dans le cadre de la vente de sous-marins, selon une piste envisagée par les enquêteurs.
L'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002 contre des salariés des arsenaux d'Etat DCN s'oriente vers une "affaire d'Etats", et non plus vers Al-Qaïda, a affirmé l'avocat de sept familles de victimes, après avoir vu les juges antiterroristes.
"La piste Al-Qaïda est totalement abandonnée. Le mobile de l'attentat apparaît lié à un arrêt des versements de commissions" de la France au Pakistan dans le cadre de la vente de sous-marins Agosta, a expliqué à l'AFP Me Olivier Morice, à l'issue d'une rencontre des juges antiterroristes Marc Trévidic et Yves Jannier avec les familles des victimes à Cherbourg.
L'attentat, qui avait fait 11 morts en 2002, pourrait être lié au non-versement de commissions de la France au Pakistan dans le cadre de la vente de sous-marins, selon une piste envisagée par les enquêteurs.
L'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002 contre des salariés des arsenaux d'Etat DCN s'oriente vers une "affaire d'Etats", et non plus vers Al-Qaïda, a affirmé l'avocat de sept familles de victimes, après avoir vu les juges antiterroristes.
"La piste Al-Qaïda est totalement abandonnée. Le mobile de l'attentat apparaît lié à un arrêt des versements de commissions" de la France au Pakistan dans le cadre de la vente de sous-marins Agosta, a expliqué à l'AFP Me Olivier Morice, à l'issue d'une rencontre des juges antiterroristes Marc Trévidic et Yves Jannier avec les familles des victimes à Cherbourg.
L'enquête sur l'attentat de Karachi plonge en eaux troubles
Par Olivier Tesquet, lexpress.fr, le 19/06/2009
Pour l'avocat des familles des victimes, l'attentat de Karachi de 2002 serait la conclusion d'un différend commercial entre Paris et Islamabad. Il évoque la piste du financement de la campagne Balladur de 1995. Une hypothèse jugée "grotesque" par Nicolas Sarkozy.
Les déclarations d'Olivier Morice, avocat de sept familles de victimes de l'attentat de Karachi, le 8 août 2002, sont-elles le signe annonciateur d'une nouvelle affaire d'Etat? En évoquant une sombre histoire de rétrocommissions entre la France et le Pakistan -digne de la série Reporters-, l'accusateur est persuadé d'avoir déterré un pot aux roses aussi encombrant que le scandale des frégates de Taiwan.
Cette fois-ci, la polémique plonge même sous la surface. En 1994, sous le ministère de François Léotard, la France a conclu un juteux marché de 850 millions d'euros avec le Pakistan, portant sur la fabrication de sous-marins d'attaque Agosta. Le premier a été construit à Cherbourg en 1999, tandis que deux autres ont été assemblés à Karachi, avec le concours d'ingénieurs français, en 2002 et 2004. A ce sujet, la cour des Comptes dénonçait dès 2001 de "considérables difficultés" dans le projet, ainsi que "l'utilisation d'une assistance technique illégale".
Commissions gelées dès 1995?
Selon un mémorandum rédigé par Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur de la DNCI, filiale commerciale de la Direction des chantiers navals, le contrat concédait des commissions aux intermédiaires à hauteur de 10% du montant total.
Interdits depuis 2000 par une convention de l'OCDE, ces "frais commerciaux export" auraient été stoppés par Jacques Chirac dès 1995, après son élection. C'est ce gel des paiements qui aurait été, aux yeux de Me Morice, le mobile de l'attentat. Edouard Balladur, cité dans cette nouvelle piste, a reconnu jeudi avoir "entendu parler de cette histoire depuis des années". Mais Il s'est empressé de préciser que tout s'était déroulé de manière "parfaitement régulière".
Si cette nouvelle piste s'avérait être la bonne, dans quelle direction faudrait-il chercher les responsables de l'attaque meurtrière? Vers l'ISI (Inter Services Intelligence), les tout-puissants services sercrets pakistanais, ou vers les cols cravatés des cabinets ministériels d'Islamabad? Dès avril 2006, L'Express rapportait les doutes du juge Bruguière, pas convaincu de l'implication d'Al-Qaeda dans l'attentat. Au terme d'une mission classée secret-défense, le magistrat antiterroriste avait notamment relevé que les traces d'explosifs analysées à Paris et aux Etats-Unis étaient d'origine... militaire.
"Grotesque", selon Sarkozy
Visiblement échaudé par les soupçons, Nicolas Sarkozy a balayé l'impudente hypothèse du revers de la main. "C'est ridicule [...] c'est grotesque [...] respectons la douleur des victimes, qui peut croire une fable pareille?", s'est-il exclamé à l'issue d'une réunion du Conseil européen à Bruxelles.
"Dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d'Etat n'existe plus, quatorze ans après, est-ce que vous êtes au courant de rétrocommissions qui n'auraient pas été versées à des Pakistanais dans le cadre de la campagne de Balladur?", s'est encore emporté celui qui fut... ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de l'ancien Premier ministre.
Pour l'avocat des familles des victimes, l'attentat de Karachi de 2002 serait la conclusion d'un différend commercial entre Paris et Islamabad. Il évoque la piste du financement de la campagne Balladur de 1995. Une hypothèse jugée "grotesque" par Nicolas Sarkozy.
Les déclarations d'Olivier Morice, avocat de sept familles de victimes de l'attentat de Karachi, le 8 août 2002, sont-elles le signe annonciateur d'une nouvelle affaire d'Etat? En évoquant une sombre histoire de rétrocommissions entre la France et le Pakistan -digne de la série Reporters-, l'accusateur est persuadé d'avoir déterré un pot aux roses aussi encombrant que le scandale des frégates de Taiwan.
Cette fois-ci, la polémique plonge même sous la surface. En 1994, sous le ministère de François Léotard, la France a conclu un juteux marché de 850 millions d'euros avec le Pakistan, portant sur la fabrication de sous-marins d'attaque Agosta. Le premier a été construit à Cherbourg en 1999, tandis que deux autres ont été assemblés à Karachi, avec le concours d'ingénieurs français, en 2002 et 2004. A ce sujet, la cour des Comptes dénonçait dès 2001 de "considérables difficultés" dans le projet, ainsi que "l'utilisation d'une assistance technique illégale".
Commissions gelées dès 1995?
Selon un mémorandum rédigé par Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur de la DNCI, filiale commerciale de la Direction des chantiers navals, le contrat concédait des commissions aux intermédiaires à hauteur de 10% du montant total.
Interdits depuis 2000 par une convention de l'OCDE, ces "frais commerciaux export" auraient été stoppés par Jacques Chirac dès 1995, après son élection. C'est ce gel des paiements qui aurait été, aux yeux de Me Morice, le mobile de l'attentat. Edouard Balladur, cité dans cette nouvelle piste, a reconnu jeudi avoir "entendu parler de cette histoire depuis des années". Mais Il s'est empressé de préciser que tout s'était déroulé de manière "parfaitement régulière".
Si cette nouvelle piste s'avérait être la bonne, dans quelle direction faudrait-il chercher les responsables de l'attaque meurtrière? Vers l'ISI (Inter Services Intelligence), les tout-puissants services sercrets pakistanais, ou vers les cols cravatés des cabinets ministériels d'Islamabad? Dès avril 2006, L'Express rapportait les doutes du juge Bruguière, pas convaincu de l'implication d'Al-Qaeda dans l'attentat. Au terme d'une mission classée secret-défense, le magistrat antiterroriste avait notamment relevé que les traces d'explosifs analysées à Paris et aux Etats-Unis étaient d'origine... militaire.
"Grotesque", selon Sarkozy
Visiblement échaudé par les soupçons, Nicolas Sarkozy a balayé l'impudente hypothèse du revers de la main. "C'est ridicule [...] c'est grotesque [...] respectons la douleur des victimes, qui peut croire une fable pareille?", s'est-il exclamé à l'issue d'une réunion du Conseil européen à Bruxelles.
"Dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d'Etat n'existe plus, quatorze ans après, est-ce que vous êtes au courant de rétrocommissions qui n'auraient pas été versées à des Pakistanais dans le cadre de la campagne de Balladur?", s'est encore emporté celui qui fut... ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de l'ancien Premier ministre.
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