lundi 7 mars 2011

Étonnant récit d'un ex-porteur de valises de Balladur

Le Figaro, 07/03/2011

Entendu par la justice dans l'affaire Karachi, un ex-membre de l'Association de financement de la campagne de l'ex-premier ministre explique dans Le Parisien son travail au sein de la cellule de trésorerie et ses doutes quant à l'origine des fonds collectés.

C'est une nouvelle pierre jetée dans le jardin d'Édouard Balladur. Après le récit de René Galy-Dejean, trésorier de sa campagne présidentielle en 1995, un nouveau témoignage sème le doute sur la provenance de fonds versés à l'époque sur le compte de campagne de l'ex-premier ministre. C'est cette fois Alexandre Galdin (photo), ancien membre de l'Association de financement de la campagne d'Edouard Balladur (Aficeb), et donc proche collaborateur à l'époque de Galy-Dejean, qui raconte dans Le Parisien Dimanche son travail de «porteur de valises», selon le terme utilisé par le quotidien.

«Tous les trois jours environ, raconte cet homme, j'allais déposer de l'argent en liquide, dans une mallette, au Crédit du Nord». «En tout, entre le 13 mars et le 24 avril, j'ai dû procéder à 22 dépôts (...). Cela pouvait aller de 100.000 à 500.000 Francs maximum (15.000 à 75.000 euros environ)». Alexandre Galdin ajoute qu'il ne connaissait pas l'origine des fonds. «Je pensais alors qu'il s'agissait de fonds secrets de Matignon. Tout le monde, au QG, le subodorait», dit-il.

Au matin du 26 avril 1995, poursuit Galdin, «nos bureaux étaient recouverts de dizaines de hautes piles de billets de 500 F. «Qu'est-ce que c'est ?», ai-je demandé. La réponse qu'on m'a faite, en substance, c'était : «Ne pose pas de questions»». «Cette fois, le volume d'argent était tel que ce n'est pas une mallette mais une valise (…) que j'ai apportée à la banque», explique-t-il, estimant à «peut-être 3 millions de Francs», le montant de ce dépôt. Ce jour-là, le trésorier de la campagne Balladur, René Galy-Dejean, l'accompagnait à la banque, dit-il.

«Allégations infondées»

Entendu le 15 février comme témoin assisté par le juge van Ruymbeke, René Galy-Dejean avait de son côté fait état d'un dépôt en espèces de 3 millions de Francs le 26 avril 1995, selon son procès-verbal d'audition, cité par Le Monde et Médiapart. Il s'était en revanche affirmé incapable d'expliquer un versement de 7 millions de Francs en faveur du candidat battu en 1995. Au printemps 2010, le quotidien Libération avait fait état d'un document récapitulant un versement de 10 millions de Francs (1,5 million d'euros) au Crédit du Nord ce même 26 avril.

Édouard Balladur juge «parfaitement infondées» les allégations d'un financement politique occulte. Ses comptes de campagne ont d'ailleurs été validés par le Conseil constitutionnel. Dans Le Parisien, interrogé sur la possibilité que ces fonds importants proviennent de meetings ou de quêtes, comme l'a affirmé l'ex-premier ministre, Alexandre Galdin réfute : «C'était impossible. Les explications d'Édouard Balladur, à cet égard, sont évidemment mensongères».

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