jeudi 29 avril 2010

Le testament du prévenu Charles Pasqua

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par Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde.

Les débats devant la Cour de justice de la République sont clos. Jeudi matin, l’avocat général Yves Charpenel prononcera son réquisitoire et après les plaidoiries de la défense, la Cour entrera en délibéré. Elle rendra public son verdict vendredi midi.

Cet après-midi, Charles Pasqua a pris la parole et répondu aux ultimes questions de la Cour.

“Est-ce le procès de Charles Pasqua? a-t-il demandé. Car pour l’instant, c’est celui de l’environnement et de la rumeur. Je ne suis pas un homme d’acier. Evidemment, j’ai l’air solide et je le suis mais le fait que je comparais devant la Cour de justice de la République me touche. Je suis humilié en tant qu’homme public qui a toujours servi son pays et continue de le faire. Je suis blessé, je suis meurtri. Des collaborateurs auxquels j’avais donné ma confiance se sont servis de mon nom, se sont compromis pour de l’argent, des gens qui appartiennent à des grands corps de l’Etat!”

Charles Pasqua s’en est alors pris un à un à ses collaborateurs. Pierre-Henri Paillet, qu’il avait nommé à la tête de la DATAR: “il a porté atteinte à l’honorabilité du ministère de l’intérieur et à la mienne”; Bernard Guillet, son ancien conseiller diplomatique: “j’ai écouté ses vaticinations. Il est atteint de délire permanent”. Tous deux ont eu droit à un autre qualificatif: “ce sont des faisans”, a déclaré M. Pasqua. Son fils? “Laissons mon fils à part”.

L’ancien ministre de l’intérieur a alors entraîné la Cour dans le récit de sa longue biographie, de son engagement dans la Résistance, à son rôle au sein du mouvement gaulliste.

“Alors, soutenir qu’après avoir fait tout ce que j’ai fait pour le mouvement gaulliste, j’aurais entamé quelque chose pour mon propre intérêt, ça ne tient pas une seconde!”.

Se tournant vers les juges, il a déclaré:

- Vous aurez à vous déterminer. Les choses ne sont pas faciles. Si vous considérez que je suis un pourri, condamnez-moi, faites-le! Et je vous regarde, les yeux dans les yeux, tous. Ce n’est pas pour vous menacer! Mais j’ai la faiblesse de penser que vous me connaissez et j’espère que vous avez de moi une autre perception que celle qui vous a été donnée.”

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