jeudi 29 avril 2010

Procès Pasqua : quatre ans requis, dont deux ferme

Le Monde, 29 avril 2010

L'avocat général de la Cour de justice de la République (CJR) a requis, jeudi 29 avril, quatre ans de prison, dont deux ferme, à l'encontre de l'ancien ministre de l'intérieur Charles Pasqua, jugé pour trois affaires de corruption présumée entre 1993 et 1995. L'avocat général Yves Charpenel a, en outre, demandé 200 000 euros d'amende et une interdiction de mandats électifs.

“Ces trois dossiers (...) ne montrent aucune âpreté personnelle au gain, aucune volonté d'enrichissement crapuleux, qu'une forme d'ivresse du pouvoir aurait pu déclencher" a déclaré l'avocat général dans son réquisitoire, relevant cependant deux "faiblesses", "qui ont fini par devenir des fautes" : "la passion politique qui (...) lui a fait perdre de vue les limites pourtant évidentes de la probité publique (...) ; et la passion familiale et amicale qui va le conduire à mettre au service de son fils unique et d’un ami politique fidèle les circuits illicites nés au coeur même du ministère qu’il dirigeait et connaissait mieux que personne".

La défense de M. Pasqua doit prononcer ses plaidoiries dans l'après-midi. "Il sera montré combien cette peine est inadaptée à la réalité humaine et politique de M. Pasqua", a déclaré l'un des avocats de Charles Pasqua, Me Léon Lev Forster, à l'issue des réquisitions. Evoquant "l'intégrité qui a été la sienne pendant toute son existence", le fait "qu'il a toujours privilégié ses convictions et pas ses intérêts personnels", l'avocat affirme : "D'une certaine façon, on essaie de faire de ce procès un exorcisme, et pas du tout la recherche authentique de la vérité."

M. Pasqua est jugé par la CJR, une juridiction d'exception, pour des faits de corruption passive dans l'autorisation d'exploitation du casino d'Annemasse (Haute-Savoie), qui aurait permis de financer plus tard son parti, le Rassemblement pour la France (RPF).

Il est aussi accusé de complicité et de recel d'abus de bien sociaux dans les affaires des contrats de la Sofremi, société de matériel de police liée à l'intérieur, et de l'autorisation du déplacement du siège de GEC-Altsthom. Le verdict doit être rendu vendredi à la mi-journée.

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