Le Monde, 24 avril 2010
François Léotard, alors ministre de la défense, avait signé le 21 septembre 1994 avec son homologue pakistanais la commande de trois sous-marins Agosta 90-B à propulsion classique, pour une somme de 5,4 milliards de francs, soit près de 820 millions d'euros.
Il était prévu que le premier sous-marin soit entièrement construit à Cherbourg, le deuxième assemblé au Pakistan, le troisième totalement fabriqué à Karachi, à l'exception de certaines sections sensibles, comme l'appareil de propulsion qui fonctionne à l'oxygène liquide et l'éthanol.
Une parfum de corruption a vite flotté sur le contrat. Le chef d'état-major de la marine pakistanaise, l'amiral Mansour Haq, a été soupçonné d'avoir reçu des pots-de-vin. Il a été extradé des Etats-Unis et sommé de rembourser en février 2002 plus de 6 millions de dollars au Trésor pakistanais.
L'opposition à Islamabad a également accusé Murtaza Bhutto, le frère du premier ministre Benazir Bhutto, et le mari de cette dernière, Asif Ali Zardari, d'avoir touché de gros dessous de table.
L'instruction a depuis établi que les commissions, alors légales, avaient été particulièrement importantes : 10,25 % du marché, payées à hauteur de 4 % par la direction des chantiers navals (DCN) ; 6,25 % (devenus au fil des mois 7,7 %) via la Sofma, la société française des matériels d'armement.
Des critiques s'étaient élevées en France sur la rentabilité du contrat, conclu sous le gouvernement Balladur : la DCN aurait vendu à perte ses sous-marins pour préserver le plan de charge des arsenaux. La Cour des comptes avait indiqué que la DCN avait mal négocié et allait supporter un lourd déficit financier, estimé à 20 % du montant du marché, soit environ 160 millions d'euros.
Plusieurs intervenants mis en cause ont assuré lors de l'instruction que le gouvernement de l'époque avait imposé à la DCN des intermédiaires pour le versement des commissions au Pakistan.
F. J.
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