mardi 27 avril 2010

Procès Pasqua, une atmosphère inquiétante

prdchroniques.blog.lemonde.fr, 27 avril 2010. Pascale Robert-Diard.

Lundi, son audition avait été brève. Dans son dos à gauche, il y avait Charles Pasqua, prévenu devant la Cour de justice de la République. De l’autre côté, à droite, Pierre Falcone, extrait de sa prison de Fleury-Mérogis pour venir témoigner sur les commissions qu’il a perçues dans l’affaire de la SOFREMI. Elle a été l’une de ses secrétaires chez Brenco.

Elle s’était avancée tranquillement à la barre et avait répété ce qu’elle avait toujours dit pendant l’instruction. Cela tient en deux phrases :

- Eh bien, tout simplement, un soir, M. Pasqua s’est trouvé dans le bureau de M. Falcone. C’était en décembre 1996.

Ça n’a l’air de rien, dit comme ça, mais c’est très embêtant. Car Charles Pasqua a toujours nié avoir rencontré Pierre Falcone. Et Pierre Falcone a toujours nié avoir rencontré Charles Pasqua. Alors, cette fichue secrétaire tombe mal avec ses souvenirs et sa manière très simple de les exprimer. Ce soir là, elle était restée tard au bureau, elle avait d’abord entendu la voix de Charles Pasqua, elle s’était ensuite approchée et elle l’avait reconnu dans le bureau de son patron. Une autre secrétaire avait confirmé.

L’avocat de Charles Pasqua, Me Léon-Lev Forster était ennuyé et l’avait montré en s’efforçant d’instiller le doute sur les souvenirs du témoin. Mais elle lui avait répondu, toujours aussi tranquillement:

- Je l’ai vu, c’est tout, je ne vois pas pourquoi je le dirai autrement.

Une des juges parlementaires de la Cour de justice de la République avait interrogé Charles Pasqua :

- M. Pasqua, après ce que Madame vient de dire, pouvez-vous dire solennellement devant cette Cour que vous n’êtes jamais allé dans les locaux de Brenco ?

L’ancien ministre s’était levé doucement. Et avait répondu:

- Solennellement, je vous confirme que je ne suis jamais allé dans les établissements de M. Falcone.

Mais voilà que ce mardi matin, avant que le fils unique de Charles Pasque, Pierre Philippe, ne vienne s’expliquer à la barre, l’avocat général Yves Charpenel s’est levé pour informer la Cour d’un étrange épisode.

Il avait en effet été alerté par l’ancienne secrétaire de M. Falcone que hier, après sa déposition, alors qu’elle rejoignait son véhicule dans le parking devant le palais de justice, elle avait été abordée par un homme, âgé d’une cinquantaine d’années, qui lui avait demandé si “elle était fière de son témoignage”.

- Je tenais seulement à en informer la Cour, a expliqué l’avocat général.

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